me rappelait celle de Calais. Plus loin, il y avait ce camping où on avait fini par concentrer la faune des amoureux du sommeil à la belle étoile et de la vie de cabane. C'était un sentiment étrange. Tout me revenait en pleine figure. C'était comme si j'avais mûri les images de mes travaux personnels ici. J'ai compris d'où venait ma fascination pour la forêt, les terrains vagues, et les gens qui s'y terrent."
Genèse, in Outland, ed.Courvoisier, 2016.
Jean Revillard est décédé le 3 janvier 2019 en filmant la forêt du Huelgoat, près de sa maison en Bretagne. Il capturait la forêt, cœur de tous ses travaux artistiques en vue d'une exposition. Il s'est effondré. A terre. Son lourd sac photo sur le dos. Son drone est revenu seul d'entre les arbres, position stationnaire de secours, et a continué de vibrer au-dessus de lui.
Travaux artistiques
Les travaux artistiques de Jean Revillard portent tous sur des gens condamnés à se réfugier dans la forêt. Ils nous parlent des grands enjeux de société de demain tels que les migrations ou les ondes.
Jungles : les migrants de Calais sont installés dans les friches industrielles aux abords du port de Calais où la forêt a repris ses droits. Ils se s'abritent dans des cabanes de bric et de broc et tentent chaque jour de s'accrocher aux camions embarquant sur les ferries pour l'Angleterre. Ils sont acculés au bout de la France qui leur interdit de sortir du territoire.
Patras Terminus : les migrants de Patras s'entassent dans un véritable camp de fortune, entre les immeubles à la lisière de la ville et un no man's land avec des arbres. Les migrants attendent de s'accrocher à des camions en partance par ferry pour l'Italie d’où ils iront en France, puis vers Calais en rêvant d'Angleterre.
Sarah on the Bridge : une migrante africaine se prostitue dans les bois d'Italie du Nord. Elles sont nombreuses à attendre au bord de la route, au bord de la forêt, devenues esclaves sexuelles pour rembourser leur voyage à leur réseau de prostitution-migration.
Ondes : les électrohypersensibles doivent se protéger des ondes qui les rendent physiquement malades. Elles se réfugient dans les zones blanches (territoire non desservie par un réseau de téléphonie mobile ou par Internet) de la Drome. Obligées pour leur survie de s'extraire de leur monde professionnel et social, elles se terrent dans un territoire cependant de de plus en plus couverts par les antennes 4G.