Ma première rencontre avec Daniel Schelling remonte à 1967… si je calcule juste, cela doit faire une cinquantaine d’années… Je commençais les cours professionnels à la Villa Doret à Vevey, l’école de photographie de l’époque, et dans ma classe se trouvait un garçon un peu plus jeune que moi avec lequel je me suis très vite lié d’amitié, Pierre-Alain Jaussi. C’était l’apprenti photographe de Daniel, aujourd’hui reporter-cameraman à la RTS depuis presque 45 ans. Le studio et les laboratoires de l’entreprise Schelling étaient ouverts aux apprentis en dehors des heures de travail et autant dire que nous en avons profité, dans le bon sens du terme mais avec parfois, avouons-le, un peu d’abus … Il n’était pas dupe, mais il nous accordait sa bienveillance parce qu’il nous sentait passionnés. Ce patron-là, très engagé dans la formation professionnelle, m’avait immédiatement fasciné car il avait compris que laisser le libre accès des locaux et du matériel aux apprentis ne pouvait qu’aiguiser leur passion et stimuler leur formation.
Cette règle, je l’ai faite mienne quelques années plus tard…
Les archives de Daniel Schelling, sous la dénomination «Fonds Daniel Schelling», sont déposées au Musée Régional du Val-de-Travers. Plus de 3000 sujets et 32'000 photos-passeports ! Nous remercions la conservatrice, Louison Bühlmann et sa collègue Valérie Chevalier, technicienne de collections, de nous avoir laissé l’accès aux archives et fourni les fichiers nécessaires à l’impression de cette sélection d’images.
Lorsque Pierre-Alain et moi allions trouver Daniel, au moment de prendre congé, il nous disait toujours, «Adieu Pierre-Alain, adieu Jean-Pierre … » et je me souviens de notre dernière virée au Val-de-Travers, l’automne passé …
Et puis, le 2 février dernier, il nous a fait venir à son chevet, pour un dernier bavardage, un dernier échange, un dernier secret, une dernière blague, un dernier sourire … J’ai compris ce jour-là la réelle signification du mot
« Adieu » et surtout celle du mot « Dignité » … la classe, Daniel, jusqu’au bout …
Alors, Adieu l’Ami et merci …
Jean-Pierre Mottier